• carnet voyage namibie

     

    13 septembre 2010, 6h30, c'est juste le début du voyage, destination la Namibie.

     

    Marseille Londres, Londres Johannesburg, Johannesburg Windhoek. Écrit comme ça c'est vite fait mais la réalité est moins rapide.

    30 heures de trajet presque sans dormir, autant  dire qu'à la sortie de l'aéroport on n'était pas vraiment frais tous les trois.

     

    carnet voyage namibie   Heureusement le 4x4 nous attendait. L'examiner un peu en détail afin de vérifier qu'il n'y ait pas  trop de mauvaises surprises nous a bien pris une heure.

     carnet voyage namibieIl a fallu aller à Windhoek chercher une deuxième roue de secours et rendre les sacs de couchages minables car nous avions pris les nôtres.

    Malgré ces vérifications le soir au premier bivouac en déballant les sièges deux sur trois étaient pourris dont un carrément inutilisable.

      Fred a eu l'occasion de nous exprimer en termes choisis toute l'admiration qu'il avait pour ce loueur de véhicules "tout équipés."

     

    Entre Windhoek et notre premier campement  il y a quand-même  le trajet. Une piste correcte, à peu près 150 kms.

    Quelques phacochères, de nombreux springboks, des bubales étonnés de nous voir passer. Un oryx gemsbock : c'est vraiment une très belle antilope. Un serpent d'environ 120cm ressemblant beaucoup à un mamba noir traversait la route. On s'arrête, pas sûr c'est peut-être seulement une couleuvre mais il faut être prudent avec ces bestioles. On repart et quelques minutes plus tard c'est un cobra du cap qui traverse, cette fois-ci aucun doute, vert olivâtre, de même taille que le précédent et une belle coiffe déployée. Son départ précipité ne nous a pas permis de le photographier ; dommage.

     

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     Premier campement, Virginie et Fred dorment sur les tentes de toit du véhicule, je profite donc de la tente au sol de l'emplacement loué.

    Un confort que je n'aurai probablement plus au cours des trois prochaines semaines, c'est de là que je rédige les premières lignes de ce carnet.

     

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    Il est dix heures, la nuit est calme, sous les étoiles dans une salle de bains, toilettes, bien équipée avec eau chaude, (chaudière à bois svp.) nous avons pu prendre une douche. La lampe frontale était tout juste suffisante mais se doucher en regardant la lune et les étoiles ça n'a pas de prix et  permet d'accepter de se geler quelques secondes quand s'invite un petit coup de vent.

     

    10h30 : extinction des feux. Demain les choses sérieuses commencent. Le désert du Namib ; pas tout jeune, 65 millions d'années mais toujours en pleine forme de dunes en dunes dont certaines atteignent 350m de hauteur.

     

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    Au feu de camp

     

    J'aime au soir le soleil quand il meurt sur les dunes,

             s'abandonnant au sable qui en boit lentement la lumière.

                    L'obscurité étend de silencieux soupirs sur la nuit du désert.

                        Éclaboussée d'étoiles elle frissonne d'ombres

                            dont les yeux affamés ont des idées de sang.

                                   Des idées de proies.

                                          Ces fantômes louvoient au travers d'arbres secs, transparents et tordus.

                                                 Mon faisceau les surprend. Réveille leurs iris ;

                                                             vertes pupilles rondes grandies d'étonnement.

    Très vite les regards se dérobent ; se sachant repérés.

                          Quelques cris plaintifs fusent comme autant de questions.

                                     Les sombres hyènes hument les effluves du camp :

                       espèrent un prochain repas.

                                                                   Leur maraude hésitante peut durer une nuit.

     

    Le feu, notre allié brûlera – sentinelle –

                    sa danse silencieuse maintiendra à distance

                                les fauves inquiétés et nous pourrons dormir

                                               à l'abri de la toile – ce rempart dérisoire – d'un sommeil éthéré

                                                          qui entendra les voix de la nuit africaine.

     


     

     15 septembre 2010

    Les choses sérieuses commencent : je ne croyais pas si bien dire, trois heures de piste assez bonne pour arriver à Naukluft. Des paysages

    époustouflants, une succession de granit et de schistes. Noires,  roses, ocres, les vallées encaissées dans d'incroyables plissements de terrain témoignent  de l'intense activité tellurique de cette zone devenue désertique il y a si longtemps.

     

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    Une végétation malgré l'aridité subsiste et nourrit quelques vaches et moutons derrière des clôtures  permettant le passage des animaux sauva

    l'endroit du campement est plutôt sympa, à l'orée d'une rivière asséchée la plupart du temps.

     

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    13h30 après un rapide repas nous décidons d'aller faire une balade de 17kms. remonter un cours d'eau, faire une boucle et rejoindre le camp avant la nuit.

    Peucarnet voyage namibie après le départ le relief s'accentue et de magnifiques piscines naturelles nous offrent quelques instants de fraicheur.

     

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    Après la baignade la piste devient franchement caillouteuse et mes chaussures inadaptées révèlent vite leurs limites.

    4 heures de marche nous n'avons pas fait la moitié du parcours, la fatigue s'accumule ; un peu pour Virginie, pas mal pour moi, quant à Fred c'est juste une petite balade pour lui, heureusement car c'est lui qui fait des crochets et des détours pour s'y retrouver avec une carte plus qu'approximative et des traces jaunes peintes sur des pierres qui au final auront été d'un grand secours.

    N'ayant pas prévu une telle expédition je suis parti avec juste un litre d'eau, Virginie guère plus et la soif nous oblige à remplir nos bouteilles dans la rivière en espérant qu'aucune charogne n'est en train de se décomposer en amont. Le goût de cette eau ne nous rassure pas tellement mais nous n'avons pas le choix, il faut boire car dans ces conditions la déshydratation peut vite tourner au cauchemar.

    Quelques centaines de mètres plus loin le cadavre de zèbre que nous trouvons n'est heureusement pas dans l'eau : c'est déjà ça.

    Soudain un bruit attire notre attention, il s'agit de plusieurs koudous qui escaladent la falaise avec une rapidité surprenante.

    Des damans des rochers s'enfuient souvent à notre approche. Deux oréotragues se sont laissés filmer assez longtemps. C'est à peu près tout pour la faune du jour.

    La bonne nouvelle c'est que malgré nos craintes aucun serpent venimeux ne nous a surpris, dans ce milieu de rochers il est prudent de regarder où on pose les pieds.

    Pendant longtemps nous avons suivi les traces d'une panthère de grande taille sans parvenir à la voir.

    C'est vers 5h30 de randonnée que j'ai soudainement ressenti la fatigue comme un coup de massue, et il fallait encore passer un sommet.

    Cette dernière ascension fut pour moi un régal indescriptible mais la descente qui suivit fut grandiose à tel point que j'étais persuadé que si j'ôtais mes chaussures mes osselets allaient se répandre tout autour.

    En abordant le lit de la rivière qui devait nous conduire au camp il faisait déjà nuit, la lune éclairait faiblement les galets, nous permettant d'avancer. Deux haltes de quelques minutes me permirent de récupérer un peu pour espérer terminer cette galère, à moins que ce ne soit la ferme intention de ne plus jamais chausser de chaussures de rando, et même tiens ! de ne plus jamais monter un escalier à pied !

    Fort de cette résolution forgée dans des heures de rage les derniers kilomètres je les ai avalés titubant pour finalement m'écrouler sur la table en pierre du camp où j'ai bien dû rester une demi-heure avant de pouvoir faire un mouvement.

     


     

    16 septembre 2010.

     

    On prend la route direction Sesriem.

    La piste qui nous y amène en quelques heures est toujours aussi belle, avec ses roches multicolores, ses vallées de sable jaune, blanc, ocre rouge.

    Une féerie de couleurs.

    Sous l'ombre d'un acacia centenaire j'écris en écoutant une foule d'oiseaux cachés dans ses branches. Quel concert !

    Fred et Virginie sont allés faire un tour à la piscine ; je les attends car tout à l'heure ascension de la première dune.

    carnet voyage namibieDans le canyon de Sesriem l'eau peut parfois monter jusqu'à 18 mètres, c'est en tous cas

    la hauteur atteinte quelques années avant notre passage dans ces lieux étonnants du désert.

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    La voilà cette première dune et si hier j'étais bien décidé à ne plus escalader quoi que ce soit aujourd'hui est un autre jour et malgré quelques séquelles je vais faire partie de cette expédition.

    Une petite heure d'ascension est suffisante pour atteindre le sommet. Ça en valait vraiment la peine, le paysage qui s'offre à nous est grandiose.

    Sur la peau de ce sable si fin circulent d'incroyables fourmis zébrées à une vitesse étonnante et leurs pas qui s'impriment en traces minuscules témoignent de leur activité frénétique.

    Tenter de les photographier c'est s'exposer à leur colère. Devant toute approche elles se haussent sur leurs pattes, dardent leur abdomen rayé face à l'intrus en une attitude menaçante.

    Ont-elles un dard ? éjectent-elles un acide ? je n'en sais rien.